Ca y est c’est décidé je repars marcher. On me demande souvent combien de temps et combien de kilomètres par jour ? Toutes ces questions qui viennent avec la discussion sur le matériel, le poids du sac, les vêtements et les bâtons !
Depuis toujours je marche avec un bâton en bois.
Mon choix.
Ma symbolique du marcheur, itinérant heureux, pèlerin en quête, randonneur d’une journée ou de plusieurs…
Alors je choisis mon bâton.
Je vais par des sentiers aléatoires, je n’ai pas de lieu, je fais confiance à mon pas. J’ai le temps de le trouver, ce n’est pas une obsession, viendra le moment. En entrant dans la forêt mes yeux se mettent au diapason de ce qui pourrait devenir mon bâton de marche.
Je prends le temps de regarder, d’imaginer celui qui deviendra mon compagnon.
Je caresse les bois trouvés, j’enserre chacun avec les doigts de ma main droite, pour l’imaginer dans ma paume. Je ne me fie qu’à mon ressenti puisqu’il deviendra mon appui dans les montées et ma retenue dans les descentes.
Même que quelque fois il pourrait être ma sécurité …
J’ai bien évidemment essayé des bâtons de marche télescopique comme on en trouve partout. Dès le début j’en ai acheté pour des treks en montagnes ou leur utilité est prouvé afin de garantir les appuis … mais pour la randonnée je n’ai jamais réussi à m’y faire, n’aimant pas la sensation d’avoir les deux mains prises !
Mon bâton est encore sur pied quand je le trouve. Comme c’est souvent un bois de noisetier, je prends mon temps pour le cueillir.
Ce bâton sera compagnon de tous les jours.
Une fois détaché de son lieu de pousse, ma main va se familiariser avec lui pour le sentir réagir et m’y habituer.
Avec les années de marche et les longues randonnées, je ne me suis jamais trompé.
Et mes bâtons m’ont toujours bien aidés.
Certains ont même été préparés pour supporter la durée avec un embout en métal pour le protéger du sol.
Au début, mon bâton est brut. Ma main glisse le long de l’écorce.
Il sera décoré en chemin, mon opinel faisant office d’outil.
J’aime que le bâton arrive à la hauteur du menton et je ne fixe pas de dragonne pour que ma main tienne et glisse le long de la prise, en ajustement permanent des sentiers et chemins. Il me fait me sentir bien et je suis en phase avec lui.
Et puis à chaque longue randonnée, il y a un moment où je sais à qui je l’offrirai !
Parce que c’est ainsi. Je ne repars jamais avec le même.
C’est comme un passage de relais pour en faire bon usage… ou pas !
Juste un cadeau du cœur et du moment.
Lors de mes 172 jours de marche et 4500 kilomètres parcourus, il était devenu un élément indispensable à mon appui tant physique que moral. Alors en revenant je l’ai offert à mon fils dont le prénom avait été gravé avec mon couteau et patiné par ma main.
Ce geste symbolique de confier mon compagnon de longue randonnée est un moyen de transmettre tout ce que ma main aura retenu des chemins, des appuis et des réflexions … puis de donner au suivant ! Il y eu des endroits où j’en ai posé ainsi au bord du chemin. Comme une invitation à se servir et repartir dans d’autres mains 🙂
En recherchant un nouveau compagnon je sais mon temps de longue randonnée imaginée.
À un moment, lui et moi serons prêts pour un nouveau départ vers d’autres horizons.
Il sera bâton de randonnée ou bourdon de pèlerin …
Il y a encore tant de chemins à découvrir.
6 Commentaires. En écrire un nouveau
L’outil indispensable du randonneur, qu’il soit de bois ou de métal, nécessite une certaine adaptation pour trouver en finalité la sécurité.
Cher Francis
Que dire de plus toi qui a été, sur mon long chemin, une bénédiction pour l’âme.
Et tu as vu mon bâton ces jours-là.
Un jour prochain vers chez toi à nouveau…
Bien à toi,
Philippe
Inspirant
Cher Gérard
Merci d’être sur mon chemin et d’avoir partagé nos mots et nos regards
Bien à toi
Philippe
Bonne route Philippe! De choisir ton bâton de marche brut, de lui donner vie et d’en faire ton compagnon de route est essentielle à ton périple, je crois. Ce qui est beau là-dedans, c’est qu’il aura une belle histoire. Je trouve que c’est un beau cadeau que de l’offrir quand ton chemin sera terminé.
Chère Pierrette
Le bâton une fois coupé vit toujours car il suit le mouvement e la main qui le tient.
J’aime le côté brut du bâton au début et sentir, pour lui aussi, son évolution.
Ainsi, patiné par le temps et la main, il aura une histoire à raconter…
Pour qui saura l’entendre.
Bien à toi
Philippe