J’ai toujours aimé marcher. Chaque pas est un mouvement vers l’avant. Marcher c’est avancer, marcher c’est croire en soi, en ses possibilités. Marcher c’est mettre un pas devant l’autre. Marcher c’est aller vers sa confiance. De la petite distance à la plus longue, la marche est devenue au fil du temps mon moyen de réflexion. Puis d’écriture.
Marcher c’est retrouver mes premiers pas, ceux qui m’ont mis debout. Fier et droit, l’entourage réjouit quand le petit bonhomme haut comme trois pommes s’est mis sur ses pieds.
C’était le commencement pour se diriger vers le monde et aller à bras tendus vers la rencontre. Marcher ce fut aussi le compliment, la félicitation.
Et une première autonomie, une nouvelle intégration. Depuis le début des années 1990 je marche sur des chemins millénaires, de sens où de randonnées. Entre l’aller et le revenir … Parfois!
Mont-Ste-Odile à Vézelay.
Vézelay à Périgueux.
Périgueux à St-Jean-Pied-de-Port.
Traversée des Vosges par les cabanes.
Traversée du Jura.
Strasbourg – Canal du Rhin à la Marne – Marne – Paris
Paris – Chartres.
Mont Sainte-Odile par les crêtes des Vosges et Camino perso pour Le Puy-en-Velay. Laissant la vierge noire dernière moi, je prends le GR65 jusqu’à St-Jean-Pied–de-Port puis le Camino Frances, assez peu fréquenté à l’époque, pour arriver à Santiago. 2400 kilomètres en 97 jours. Puis 200 kms pour revenir à mon point de départ… Cette belle aventure m’entraîna au Québec.
Alors quand on glisse vers les abysses, il y a lieu, voir urgence, pour reprendre le geste initial et évolutif de l’homme d’activer sa marche. C’est ainsi que j’ai recontacté mes fondamentaux. De mes pas lourds du départ, je retrouvais la légèreté de l’esprit. Et les souvenirs du marcheur d’antan que j’étais en mes différents périples.
Et toujours sac à dos, tente, gaz, gamelles…
En fait, avec le temps, je me suis souvenu que la première fois où j’étais parti marcher longuement, je m’étais fixé un but ! Une fois mon allure quotidienne prise, mon bâton rythmant le pas, mon cœur s’ouvrant au souffle, je marchais pour marcher. Le plaisir s’installant, je suivais un chemin, prenant le temps de moi, m’adaptant au nouvel horizon.
Et puis j’ai atteint ce but entre bivouacs et pauses aléatoires. En donnant une fin à cette longue marche, je me suis alors rendu compte, que la destination n’avait pas d’importance. Elle n’était que le début d’autre chose.
Puis un jour je suis repartit … Pour me sauver de moi et des autres. Pour survivre à un mal être profond. Et ne pas prendre de pilules. J’avais décidé de me prendre en main et sans compter, sans réfléchir, j’ai fait un pas. En fait 5 500 000 pas pour 4500km et 172 jours de marche !
Depuis … A vos pas, partez !