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Marcher et ressentir

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Ces dernières semaines lors de mes randonnées sur un ou plusieurs jours, j’ai pris le temps d’observer ce qui m’entoure. C’est simple, en marchant solitaire, je suis libre de mon temps de marche, de bivouac, de sieste, de contemplation, d’observation … En étant complètement autonome je fais ce que je veux. Quand je le veux.

Je ne parle pas de solitude mais de la totale liberté d’Être.

La vallée s’agite déjà, le soleil apparait doucement et je prends conscience de cette liberté alors que je suis allongé sous un bouleau. Les yeux encore endormis, je regarde entre les petites branches, imaginant le craquement de la tige qui libère une feuille vers le sol, surveillant celle qui va se retourner et j’entends leur discret bruissement dans la petite brise matinale.

Je ne lis pas, je n’écris pas. Non ! J’admire et j’observe.

Venu d’une autre cime, un merle à plastron vient chanter ses accords avec le vent, avec les éléments, avec moi aussi, avant de repartir ailleurs. C’est beau le vol d’un oiseau, quand toutes les pensées qui viennent se chassent l’une l’autre pour faire de la place à autre chose.

En repartant vers le fonds de vallée, je m’approche du ruisseau, guidé par le clapotis de l’eau en filet, qui glougloute comme un appel à y plonger mains et visage, à me désaltérer et à imaginer sa fuite, entre rochers et herbes hautes, vers l’aval, vers la plaine, vers le confluent.

En marchant seul, je me réjouis dans le silence de la libre circulation des pensées. Tout en me faisant le plus discret possible, mon pas effleure le sentier plus qu’il ne le martèle. Je remets sur ses pattes un scarabée bousier qui reprend aussitôt la suite de son ouvrage. Un chamois solitaire, délicatement posé sur un rocher semble ne pas m’apercevoir, puis saute de gauche et de droite pour disparaitre dans un bouquet d’arbres avant de réapparaitre sous la crête. Il se retourne peut être pour vérifier si je n’ai pas bougé. Imagination …

Je ressens, je vois, je touche.

L’écorce d’un arbre, la fleur cotonneuse de la linaigrette, les herbes tendres et encore humide de rosée, où je m’assois pour simplement respirer. Je me réjouis du silence tout en admirant les insectes butineurs, les oiseaux, les papillons et la vie naturelle de mon environnement. La nature m’émeut. Cet espace-temps que je m’offre est plein et tranquille. J’ouvre au plus large mon regard sur l’acuité du rapace qui soudain plonge sur un mulot.

Et puis je prends ma plume et je gratte quelques mots sur ce carnet bleu, fidèle compagnon de mes émerveillements et de mes pensées. Je trouve refuge dans la lumière du matin, dans l’amour des sens qui guident mes pas, dans les mots du roman en cours qui sera mon havre pour quelques temps.

Ici, à cet instant et en quelques secondes, je suis même dans l’absence de besoin. Tout me nourrit le cœur et c’est bien cela l’essentiel.

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2 Commentaires. En écrire un nouveau

  • Magnifique de sensibilité, décidément j aime te lire encore et toujours. Au fil de tes pas de tes mots, de tes expériences, tu touches tjrs ma sensibilité, merci à toi d ÊTRE.

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    • Chère Catherine,
      Il y avait des pas à faire et je les ai fait. Et puis je continue. Tant par la marche que par les mots.
      Merci d’être là.
      Philippe

      Répondre

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