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Un caillou dans ma chaussure

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Le sentier monte en forêt. Les arbres amènent l’ombre nécessaire à cette journée. Au-dessus des conifères, le petit chemin serpente entre quelques gros rochers. Le sommet n’est plus très loin. Je souris. Mon sac à dos fait corps avec moi, j’ai encore appris à me limiter pour ces quelques jours entre deux frontières. Mon bâton est d’un fidèle appui. J’ouvre grand mes yeux sur l’horizon montagneux.

Sur la crête caillouteuse et venteuse et depuis quelques minutes, un intrus irrite mon talon et me fait claudiquer. M’arrêter s’impose!

Je pose mon sac et m’assois dans l’herbe.

Rapidement, j’enlève ma chaussure et découvre l’objet, bien coincé dans les mailles de ma chaussette, et passager clandestin de ma randonnée. Gros comme une tête d’épingle, ce caillou vient de me stopper.

C’est drôle un caillou, petit, quelques fois à facettes, mais terriblement efficace pour arrêter le quidam en mal d’horizon. Intrigué par son chemin menant à ma chaussure, je fais une projection imagée de ce tout petit David, terrassant le Goliath randonneur.

Je souris de me voir assis sur le sol, pied nu, chaussette négligemment posée près du sac, attentif à ce minuscule bout de gravier !

C’est aussi l’histoire du marcheur plein d’entrain et du caillou guettant le moment propice pour embarquer dans une chaussure, faire quelques mètres sans attendre le ruissellement de la pluie ou le pas d’un autre marcheur, pour avancer. Ce court métrage imagé me fait sourire et j’imagine le gravier parlant avec ses congénères pour leur annoncer son départ imminent !

J’en profite pour enlever mon autre chaussure et ma chaussette pour en vérifier l’état. Pieds nus et regardant mes chaussures respirer et mes chaussettes sécher, assis au bord du sentier dominant la vallée, mes pensées vagabondent. Elles mettent en évidence les quelques fois où je me suis arrêté, stoppé brusquement par une petite chose insignifiante.

Tout comme aujourd’hui par ce si petit caillou. Au-delà de la taille de ce passager clandestin qui me fait sourire, c’est d’un geste retenu que  je le pose là, avec d’autres congénères.

Il est temps de repartir, j’enfile mes chaussettes et prend soin de bien lacer mes chaussures. Le sentier grimpe encore un peu pour atteindre le sommet attendu.

Un randonneur est assis chaussettes et chaussures enlevées. Il me raconte le caillou glissé dans sa chaussette, qu’il a renvoyé plus bas d’une chiquenaude exaspérée. Il n’a pas le temps de parler, son temps est précieux.

En le regardant s’éloigner,  je repense au petit gravier que j’ai choisi de remercier de cette pause imprévue, mais tellement remplie de réflexions.

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2 Commentaires. En écrire un nouveau

  • Francis Renault
    30 juillet 2022 12:29

    Ah, ce fameux cailloux que tout marcheur à pu expérimenter lors des randonnées……..
    obligation d’effectuer un arrêt profitable pour se désaltérer , grignoter ou prendre des nouvelles via le GSM si le réseau le permet.
    Bonne route.
    Fr.

    Répondre

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