Je sais qu’un jour, j’expirerai mon dernier souffle. Mais avant cela, je veux entendre respirer mon cœur et mon corps des bienfaits du souffle. Celui qui est essentiel à la vie.
Il entre en moi et gonfle mes poumons, oxygène mes cellules, véhicule des bienfaits, est devenu un véritable compagnon lors de mes longues marches. Le souffle m’accompagne et anime ma vie.
Marcheur, le phénomène physique du souffle m’est indispensable. Posé et normal sur le plat. Plus profond et contrôlé dans les pentes raides et les endroits escarpés.
Un vieux marcheur, sage montagnard, rencontré sur un de mes chemins, m’avait entendu venir vers lui. J’ahanais dans un raidillon, jurant ma vie, crachant mes poumons d’ancien fumeur, m’essoufflant depuis des mois à me remettre dans le sens de la forme souhaitée.
Nous avons sympathisé au bord du sentier avec vue sur le parc de la Vanoise.
Assis dans l’herbe à deviser comme deux compagnons de randonnée, il m’a dit cette phrase :
- « qui respire mal ne marche pas bien »
Et il m’expliqua la concordance entre le pas et le souffle, qui selon lui permettait d’envisager moult randonnées, une fois quelques principes de respiration acquis. Il me raconta l’histoire de son père marchant 30 kilomètres à travers la région pour simplement un regard de sa future femme. Puis trente kilomètres pour s’en revenir.
Ce père qui lui avait dit un jour : « qui respire mal ne marche pas bien »
La journée avançant, et comme nous allions dans la même direction, nous avons associé nos pas, moi, le suivant sur du plat. L’écoutant. Dans les montées. L’écoutant. Échangeant sur la vie et le souffle. L’humain et la nature.
Je remarquais combien sa présence améliorait mon souffle et mon pas différent. Il me racontait, je suivais, mon pas et mon souffle s’associaient. Il souriait.
À l’entrée d’un village, sa maison, un verre d’eau, un sourire, le remercier de nos échanges, de ses conseils, de sa vision de la vie. Une poignée de main et il me laissa partir avec un dernier conseil :
- « n’oublie pas de respirer »
Avec le temps, vers d’autres destinations, je compris qu’il m’avait réappris à respirer. Mais surtout à m’approprier le temps de la marche. Le tempo du souffle et du pas. Pour voyager loin. Et vivre le temps.
Je respirais mieux. Je marchais mieux !
Bien plus tard et quelques milliers de kilomètres au compteur, je repense à lui.
C’est particulier de respirer en sachant que c’est inné. Que, d’une certaine façon, on respire pour respirer, comme on marche pour marcher !
Durant mes marches, j’ai appris de ces deux actions du pas entre l’équilibre et le déséquilibre, comme du mode de respiration sur deux temps entre inspirations et expirations.
Est-ce que cela vient aussi de marcher avec le sourire, quand je sens le souffle s’associer avec le pas, qui équilibre ce qu’il déséquilibre ?
Ce qui sera ainsi jusqu’à mon dernier souffle.
Celui qui me basculera alors vers un autre temps.
Inconnu.