Assis sur un rocher, les pieds au bord de la falaise, je contemple comme souvent les paysages qui s’ouvrent devant moi. Je m’offre un temps de pause pour écrire les mots et les phrases qui ont habité mon esprit durant toute la montée.
L’effort amène son lot de réflexions, mon souffle court martelant des bribes de situations que je cherche à compléter pour mon deuxième livre en chemin. Les personnages habitent mon esprit, leurs conversations se font, leurs attentes s’écrivent et se matérialisent.
Je suis exactement là où je dois être, écrivant un mot plutôt qu’un autre, trouvant un synonyme dans la phrase qui me bloque, confiant dans la construction du paragraphe, rêveur face au panorama de la vallée qui calme mon souffle, m’abandonnant à l’écriture, faisant confiance à ma plume.
Les ballons des Vosges s’invitent petit à petit au-dessus de la brume qui englobe encore un peu les vallées, la poésie de l’instant porte mon silence, qu’aucun écho de pas de randonneur ne vient perturber.
Il est tellement tôt que je suis le seul humain sur la crête. Auteur solitaire dans le silence du jour, patient du mot. Revenu en début d’après-midi, dans le cloître de la bibliothèque des Dominicains à Colmar, mon autre lieu de paix, je déambule, pensant aux beaux instants matinaux, aux pas qui s’écrivent et à la lumière apparue un instant au-dessus des crêtes.
Dans un coin du cloître, je contemple les arches solidaires qui unifient l’endroit, ajoutant à la vision du jardin central, une esthétique parfaite et cohérente, propice à la réflexion et au calme.
J’imagine ce temps d’il y a longtemps entre les offices, les pas sereins qui se glissent, les mots chuchotés. J’entends le silence du moine mimant les mots par des gestes pour ne pas déranger. Les fresques murales devinées ajoutent à la beauté des lieux. Des oiseaux chahutent dans les hautes herbes, je déambule dans les graviers du sentier, ajoutant mon pas aux milliers d’avant.
Assis sur une dalle de grès rouge, j’ouvre mon carnet et j’écoute la plume qui remet en ordre les mots venus ce matin alors que la vallée s’éveillait. Il m’aura fallu des pas solitaires pour trouver les mots. Sur le papier, la griffe de la pointe arrondie du stylo plume rythme mon temps. La page que je tourne s’ouvre à l’encre bleue pour la suite des phrases, qui compléteront le chapitre entamé.
En montant le grand escalier vers la salle de lecture, je reconnais le début de mon souffle du matin. Installé et portable allumé, je tape le récit qui se créé, patient de la suite. Le silence de la pièce et les livres rangés ont une incidence positive sur l’avancée du récit.
Je ressens encore ma randonnée du lever du jour. Les mémoires matinales puis monacales m’incitent à écrire les deux mots qui seront le titre du thème de cet article.
2 Commentaires. En écrire un nouveau
La nature et le silence , source d’inspiration,de concentration et de créativité.
Leçon 1: créer un environnement propice pour libérer l’imagination, la création et avancer.
Merci Philippe
Merci de votre commentaire Annabelle.
En effet, la nature immuable offre souvent, pour ne pas dire toujours, la respiration nécessaire pour regarder autrement… En m’asseyant dans des lieux aléatoires qui s’ouvrent à la contemplation, à l’émerveillement, je prends ce temps pour laisser aller mon imagination … ou pas. Quelques fois juste y reposer mes yeux et adapter mon souffle à l’endroit. Y dormir aussi. Et puis la nature reprendra son rythme et ma trace s’effacera quand je serai parti. Pour mieux avancer. Encore.