Apprendre l’instant du temps m’est venu avec les milliers de kilomètres de marche parcouru.
Marcheur d’instant. Ce temps qui n’est pas celui qui passe mais celui du moment. Quel privilège magnifique que de s’octroyer ce temps posé entre chaque seconde, ce temps du déséquilibre entre le pied gauche et le pied droit, ce moment où le corps bascule vers l’avant.
Prendre le temps de la marche c’est aussi vivre l’instinct ressenti et se faire confiance. Et c’est de cela qu’est l’instant, nez au vent, sous le soleil ou la pluie, par tous les temps.
Marcher et regarder, contempler, humer, sentir, respirer, vivre. Vivre le temps présent. Avec tout mon corps et tous mes sens. Ceux-ci se décuplant avec le temps passé sur les chemins. Après plusieurs semaines de marche, les sens sont différents. Plus affutés.
Alors ce temps présent je ne le cherche pas. Je ne le cherche plus. Je le laisse venir et prendre ce qu’il doit prendre, cellules, pas, regards, senteurs, et en faire mémoire. Mémoire du temps. Ce temps qui forge mon instinct d’homme libre et en quête. Vivant en chaque chemin et sentier, nouveaux horizons et pays, chaque instant à l’instinct.
Je ne me prépare pas beaucoup, je me fais confiance, je pars souvent sans savoir, sans connaitre pour en faire découverte, au gré des pas, des regards, des rencontres et du cœur.
Car au bout de tout, cet instinct me guide vers un autre ailleurs, puisque le temps a passé. Alors je profite de chaque seconde, pour ressentir et écouter les battements du dedans. Ce dedans qui s’anime avec le temps et qui s’agite de l’instinct qui guide. Quoiqu’il se passe. Quoiqu’il arrive. Je me perds ? Je fais demi-tour, je cherche un autre chemin, ou je vais au bout de cette quête inattendue.
Un marcheur m’a dit un jour qu’il avait l’impression que je cherchais l’Or du temps. Peut-être … mais je suis plutôt certain de mon temps ici et maintenant. Hinc et nunc. Sans délais. Je suis celui qui est dans l’instant et qui fait confiance à son instinct, que je reprends à chacune de mes marches.
Ainsi je ne m’encombre plus d’atermoiements, de prises de décisions, sur le moment ou pas, sur le temps de pluie ou de fort soleil, de neige ou de chaud. Je décide de partir marcher, je vais. Vers l’avant.
Mon sac me semble plus léger avec cette façon de penser. Entre instinct et instant. Les pas sont mes guides, mon regard pointé vers l’horizon, mon cœur s’aligne alors et devient mon principal allié. Plus que mon ego qui cherche parfois à me perdre dans des discussions avec moi et qui ne me mènent nulle part… sinon à rechercher le temps du cœur qui me guide.
Mes yeux s’ouvrent et deviennent mémoire, enregistrent, captent, classent. Je marche autrement. Je redeviens un marcheur cueilleur, un nomade de la vie, le poids de mon sac n’est que peu, tout me suffit, tout me va. Je m’adapte à tout. Lieu, sentier, chemin, rencontre, bivouac, temps du jour. Temps de l’instant. Je le prends et je passe.
Quel formidable instant que ce temps.
2 Commentaires. En écrire un nouveau
Quel beau texte inspirant sur le Temps !
J’apprends tout doucement à laisser au Chemin mes peurs, mes peines, mes doutes, mes angoisses….et à m’attarder à ce qui m’entoure.
C’est une vrai bénédiction !
L’important n’est pas la destination, c’est le chemin !
Chère Dominique
Merci beaucoup de votre commentaire. Le chemin est vivant sous nos pas.
Bien à vous
Philippe