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Souriez ! je suis en marche

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Jusqu’au bout, en cette toute fin de nuit, j’ai senti votre opprobre, vos commentaires acerbes, vos rires, vos moqueries

En annonçant mon départ, ma fuite, vous avez souri. Mais pas d’assentiment ni d’encouragement. Vous avez souri de dédain, mais aussi de mépris pour cet homme qui a osé parler de son mal être, de son mal tout simplement, et du gouffre dans lequel il glissait.

J’ai porté dans mon sac vos sarcasmes, cherchant parfois, à y déceler un mot encourageant de votre part. En m’accrochant à la distance parcourue et à celle à parcourir, au sens propre comme au figuré, j’ai partagé mes pas, ouvert mes sens, écrit mes mots, laissé une trace.

Jamais je n’oublierai le premier pas qui éloigne, le premier kilomètre balisé par les larmes, le premier jour déjà différent. Et tous ceux qui ont suivi.

Des hommes et des femmes en doutes, j’en ai rencontré, a commencé par moi. J’ai échangé sur la souffrance, sur la peine. Souffrance de la fuite et des ricanements qui accompagnent, de la peine d’amour, du deuil, de la perte, de la fin, quelle qu’elle soit.

En parlant avec eux, ceux qui marchent pour se sauver, pour se reconstruire, pour tenter de guérir les maux et les mots, je n’ai plus été seul.

Ces lignes ne peuvent être écrites que par le vécu et les paroles des quelques-uns rencontrés. Et c’est dans l’humilité des mots partagés avec plusieurs, que les histoires de tous se sont mêlées au son des pas de nos chemins respectifs.

En nous quittant, chacun son rythme, chacun sa direction, je nous ai su en chemin d’ouverture aux autres. Mais surtout senti, quel que soit le temps passé et le lieu traversé, la chaleur de nos rencontres, de nos supports attentifs et de cette écoute du dedans qui s’amplifie avec la solitude pédestre.

Puis, véritablement, sans amertume des rires de ceux restés ailleurs, enfermés dans leur propre existence, insensible ou peu amène de ceux qui souffrent et qui ont décidés de fuir en affrontant l’inconnu de leur chemin à pied, j’ai fait un pas, puis un autre. Et oui, fuir pour se sauver.

Un sac, un bâton, des chaussures de marche, quelquefois un chapeau, et des pensées qui se clairsèment pour ne garder de toute cette expérience de longue marche, que la réalité vécue et partagée.

À toi, mon ami du chemin qui aura choisi une autre fin que le retour, je me souviendrai longtemps encore, de ton regard et de ton sourire à l’énoncé des mots et des attitudes accompagnant ta décision de partir marcher.

Nul doute que notre rencontre et toutes celles que tu auras faites t’auront confirmé, non sur l’abandon de vivre, mais sur un départ au long cours vers un horizon que toi seul auras vu.

De toi, je partagerai uniquement cette phrase que tu m’as dite alors que tu fuyais ta famille et tes amis, ta vie professionnelle et sentimentale : Souriez ! je suis en marche.

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